Une check-list est une “liste de vérification” en bon français, nous rappelle le dictionnaire Le Robert.
Si son utilisation dans l’aviation est ancienne et créditée d’avoir grandement amélioré et maintenu la sécurité des vols, l’humble check-list peine à s’imposer dans d’autres secteurs. Voici une présentation en faveur des check-lists, un outil pratique ignoré, voire méprisé.
Qu'est-ce qu’une check-list ?
Une check-list est une “liste de vérification” en bon français. Sa forme la plus basique est une liste pense-bête, des choses à ne pas oublier. Comme une liste de courses. Sans une telle liste, la plupart d’entre nous partent avec des achats en tête et reviennent avec des choses qui n’étaient pas nécessaires ou pressantes et qu’avec une partie des choses qu’il fallait procurer.
La check-list est un outil simple mais efficace, qui liste de manière exhaustive des opérations ou des contrôles à effectuer. Les check-lists peuvent imposer un ordre séquentiel ou présenter un classement par priorités.
L’intérêt d’une check-list réside dans le fait qu’elle peut combiner le mode opératoire et l’enregistrement de l’exécution des opérations sur un même document. Mieux qu’un simple pense-bête, véritable procédure miniature, la check-list prend tout son sens si la personne chargée de l’exécution ou de son contrôle y porte une marque attestant de sa validation.
La check-list professionnelle comporte le plus souvent des cases à cocher, des check-boxes, ce qui évite de barrer les indications, comme sur une liste de courses. Ceci a son importance si la check-list est contrôlée par une tierce personne, archivée, si elle sert de preuve, etc.
Et justement, de simple méthode anti-oubli, la check-list est devenue, dans de nombreux cas, un support d’enregistrement d’opérations, de contrôles ou de validations lorsque c’est requis par les normes ou réglementations. La check-list peut devenir un formulaire hybride, sur lequel sont reportées des valeurs relevées.
Intérêt d’une check-list
Si l’on résume l’intérêt et les bénéfices d’une check-list, nous retiendrons qu’elle constitue tout à la fois :
- Une liste anti-oublis
- Un guide d’exécution pas-à-pas
- Un formulaire de contrôle et éventuellement d’enregistrement
- Un élément de preuve quant à l’exécution
Autocontrôle ou contrôle croisé ?
Lorsque la check-list n’a pas d’autre fonction que de guider l’exécution ou de constituer une liste anti-oublis, l’autocontrôle est suffisant. Lorsque la check-list doit constituer un élément de preuve quant à la l’exécution ou à un contrôle, il est recommandé de faire contrôler et valider la check-list par un tiers. On peut également se contenter d’archiver la check-list produite par l’exécutant, en vérifiant sommairement si les cases sont cochées et/ou si les mentions et valeurs à relever sont bien remplies. La check-list ne servira d’élément de contrôle que si une non-conformité ou un incident nécessite de vérifier a posteriori la bonne exécution des opérations, des contrôles et/ou certaines valeurs relevées. Dans les secteurs d’activité fortement contraints par les exigences normatives et/ou réglementaires, la responsabilité de la personne ayant signé la check-list peut être engagée.
Un outil pratique ignoré, voire méprisé
Le principe de la check-list est en général connu de la plupart des professionnels. Pour autant, cet outil pratique n’est pas aussi utilisé qu’on pourrait le penser. Un des freins majeurs est le sentiment d’infantilisation des utilisateurs à qui l’on propose le recours à une check-list. Plus la personne est expérimentée et plus encore si elle est reconnue experte dans son domaine, la check-list apparaît comme une insulte à sa maîtrise et à son expérience. Les réponses habituelles sont “je sais ce que j’ai à faire” ou leurs variantes.
Dans le cas franco-français, il y a la traditionnelle allergie au flicage, qui est un faux débat et renoncer à mettre en place une mesure efficace pour ne pas froisser la sensibilité des gens ou de ne pas donner l’impression de fliquer est une faiblesse managériale, qui à mon avis se paie plus tard.
Monteriez-vous dans cet avion ?
L’utilisation de check-lists est notoire dans l’aviation et elle fait suite à l’analyse des causes d’une catastrophe aérienne, qui concluait que les avions devenaient de plus en plus compliqués, rendant la mémorisation des procédures à effectuer plus difficile. A tous les opposants et réfractaires aux check-lists, je propose de prendre un avion aux commandes duquel l’équipage très fatigué par les vols précédents décide de ne pas suivre la check-list avant décollage, car finalement ce sont des pilotes chevronnés. De plus, les techniciens qui assurent la maintenance de l’appareil, eux-aussi de grands professionnels ont décidé de ne pas suivre les procédures habituelles et leurs check-lists pour gagner du temps. La météo est capricieuse, le vol à effectuer un peu long, monteriez-vous à bord ?
Si les répondants sont joueurs ou bravaches (fanfarons si vous préférez), il est des cas professionnellement dans lesquels on ne peut accepter de déroger à des règles ou à des mesures, même si elles déplaisent.
En résumé
Même pour les personnels astreints à un travail routinier, la check-list assure qu’ils ne dérivent pas de la méthode, ni n’oublient un élément, une étape de leurs tâches. L’enregistrement par une marque ou signature, pour preuve de la bonne exécution de la tâche, engage le personnel et les force à la rigueur. En cas de problèmes, le contrôle des check-lists elles-mêmes permet de vérifier si les tâches prescrites ont bien été effectuées. Si les check-lists montrent une validation alors que manifestement cela n’a pas été fait, l’interrogatoire du personnel aidera éventuellement à déterminer s’il s’agit, d’erreurs, de négligences ou de tricheries.
Si les check-lists souffrent parfois d’une image négative, associées à des dispositifs contraignants pour gens peu rigoureux, négligents, elles demeurent est un excellent dispositif anti-oublis ainsi qu’un outil de base de la rigueur. Le transport aérien, s’il ne fallait citer que cet exemple, donne une bonne assurance quant à la sécurité des passagers par des contrôles minutieux basés sur de check-lists.
Check-list n’est pas Check sheet
Finalement, une précision, en anglais une Check-list n’est pas une Check sheet. Check sheet ou tally sheet est un recueil de données, souvent un nombre d'occurrences que l’on bâtonne. Cela permet de compter et classer des événements, des défauts pour les classer par ordre d’importance et prendre des décisions. Les Check sheet font partie des sept outils classiques de la qualité, pas les humbles check-lists...
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