La raison d'être de la maintenance préventive est de trouver un compromis économiquement satisfaisant entre l'ensemble des coûts induits par une politique d'attente de panne et de réparation P1 et l'ensemble des coûts induits par une politique de maintenance préventive et les réparations résiduelles P2, sachant que la décision d'engager la maintenance préventive n'a de sens que si P2 < P1.
Le coût d'une panne (rappel)
Une panne immobilisant une machine génère des coûts directs liés à la réparation :
- Temps passé au coût de main d'oeuvre des techniciens
- Intervention éventuelle d'experts externes
- Pièces de rechanges
ainsi que des coûts indirects :
- Pièces rebutées à cause de la panne
- Reprise ou retouche de ces pièces
- Remplacement des pièces rebutées
- Perte de production durant l'arrêt
- Pénalités éventuelles liées au retard de livraison
- Coût de la main d'oeuvre inoccupée par la panne
- ...
Ces coûts seront d'autant plus importants que la machine est une ressource critique dans le processus.
Critères de choix
Compte tenu de l'arbitrage à rendre entre une politique volontairement "passive" et la mise en oeuvre de la maintenance préventive, il faut définir les critères de choix.
Avant de vouloir mettre tout un parc machines sous maintenance préventive, il faut vérifier si certaines de ces machines n'en sont pas exclues d'office, du fait d'actions à venir, comme par exemple : la machine sera feraillée ou rénovée sous peu.
L'appréciation du risque
Le premier critère de choix est l'importance des conséquences ou répercutions d'une panne. Certains équipements ou machines ne doivent pas tomber en panne, car les conséquences économiques, qualitatives ou environnementales sont importantes :
- Economique : perte d'exploitation et pénalités de retard pour un fournisseur de l'industrie automobile
- Qualitative : l'arrêt et le redémarrage ont une incidence sur la qualité des produits sans que la détérioration soit directement visible
- Environnementale : le retraitement d'effluents (fumées, fluides...) ne peut se faire durant la panne, libérant ces effluents dans l'environnement
En dehors de cas extrêmes dans lesquels le risque est inacceptable, il existe d'autres cas dans lesquels le risque peut être acceptable si limité, ou même totalement acceptable. La politique de maintenance sera donc fonction de ce critère :
- Risque inacceptable : supprimer les causes de panne et supprimer les effets des pannes résiduelles
- Risque acceptable si limité : choisir entre maintenance préventive systématique et maintenance conditionnelle
- Risque acceptable : prévention inutile
L'importance de la machine
Le second critère de choix est l'importance de la machine ou de l'équipement considéré. Si cette ressource est rare et "précieuse", stratégique pour l'entreprise, si on ne peut délester se charge sur d'autres machine ou recourir à la sous-traitance, l'entreprise est fortement dépendante de cette ressource, qui est donc très importante.
A l'opposé, si la machine est banale, que sa charge peut aisément être transférée vers une autre machine ou vers la sous-traitance, cette ressource sera considérée peu importante.
Il est clair que la politique de maintenance sera radicalement différente entre ces deux cas.
La charge la machine
Le troisième critère à prendre en compte est la charge relative de la machine.
Si la machine est saturée, chargée à 100% l'impact d'un arrêt n'est pas le même que pour une machine dont la charge est faible. Cette dernière affirmation étant à relativiser en fonction de la capacité à rattraper le retard généré par la panne (Voir à ce propos la Théorie des contraintes).
Analyse multicritères
Pour apprécier la situation selon chaque critère, on peut recourir à une échelle de valeur allant de 1 à 4 par exemple :
Critère \ Valeur | 4 | 3 | 2 | 1 |
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Risque R | Inacceptable | Répercutions graves sur qualité / délais | Répercutions rattrapables (retouches, retards...) | Risque faible ou Aucun risque |
Importance machine I | Stratégique | Importante | Banale | Peu importante |
Charge machine C | Saturée | Forte (> 95%) | Moyenne (80-95%) | Faible (<80%) |
Pour chaque machine, en fonction de son évaluation, on calcule son "facteur machine" : Facteur machine = R x I x C
On peut affiner l'analyse en attribuant un poids relatif à chacun des critères, auquel cas le facteur machine devient : Facteur machine = aR x bI x cC, avec a, b et c les coefficients relatifs de chaque critère. Il est alors possible d'établir 3 classes A (équipements critiques), B (équipements ordinaires) et C (équipements banals), dont les seuils sont à définir dans l'entreprise, et une politique de maintenance spécifique pour chacune d'elles. Par exemple :
Classe | Type machines | Type de Maintenance |
A | Critiques | Maintenance conditionnelle |
B | Ordinaires | Maintenance Préventive |
C | Banals | Maintenance Curative - Gestion de la panne |
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