Certaines entreprises sont réticentes au développement de l'automaintenance par les opérateurs, de crainte que ceux-ci ne fassent plus de mal que de bien en intervenant sur les équipements.
Dans cet article je ne tenterai pas de démontrer le mal fondé de ce mythe mais de montrer que des opérateurs initiés peuvent être des auxiliaires précieux de la maintenance en cas de panne.
De l’intérêt à former techniquement les opérateurs
Même si l'automaintenance n’est pas (encore) une option, former techniquement les opérateurs peut se révéler intéressant à plus d’un titre. En effet, donner aux utilisateurs une "culture technique" et un minimum de formation quant aux machines qu'ils conduisent permet :
- D'intéresser les opérateurs
- Éviter des erreurs
- Supprimer les ajustements et réglages "pirates" faits sans en comprendre toutes les conséquences
- D'amener les opérateurs à fournir des indications précieuses sur les circonstances de la panne
- Les former à du pré diagnostic
Intéresser les opérateurs
Lorsque l'on répond favorablement à la curiosité des opérateurs, c'est un levier de motivation et un moyen de prévenir les erreurs commises par ignorance.
Ainsi, expliquer les limitations d'une machine ou les effets pervers de certains réglages peut retenir les opérateurs de bidouiller, trifouiller ou essayer de changer des paramètres de manière non maîtrisée. Bons nombre de réglages (déréglages serait un terme plus approprié) peuvent être prévenus grâce à une meilleure connaissance des machines.
Une meilleures connaissance des machines permet également de mettre fin aux croyances et mythes quant à certaines performances ou caractéristiques des machines. Ralentir pour obtenir un meilleur rendement par exemple, n’est pas une évidence pour tout le monde.
Par ailleurs, leur consentir l'accès à davantage de connaissances leur fera également respecter le matériel, un effet généralement observé après des formations technique de base.
Les opérateurs pré diagnostiqueurs
A défaut de consentir aux opérateurs des tâches de maintenance simples, on peut les associer à la maintenance corrective en développant leurs capacité de diagnostic.
Cela peut être aussi simple que des les former à répondre de manière pertinente à un QQOQCP avant d’appeler la maintenance, afin de fournir aux intervenants le maximum d’informations à valeur ajoutée.
A l’aide de ces informations, les agents de maintenance savent précisément où se trouve la machine en panne, qui les prévient (l’information est-elle qualifiée, fiable?), depuis combien de temps la machine dysfonctionne et dans quelles circonstances. Ces informations permettent alors aux spécialistes de se faire une idée sur la nature de la panne, les outils, documentation et pièces à emporter et au final d’intervenir de manière beaucoup plus efficiente.
Gagnant-gagnant
Ces bénéfices opérationnels, du meilleur respect du matériel aux interventions plus efficientes, profitent aussi bien à la production qu'à la performance de la maintenance.
En effet, des opérateurs motivés et formés sont plus à même de respecter le matériel et d'en prendre soin, ce qui limite les dégradations et les pannes dues à l'ignorance et aux négligences. Ceci allongera le temps productif et réduira les intervention correctives, avec un meilleur TRS pour la production et une charge moindre pour la maintenance.
Par ailleurs, une grande partie de la sous-performance des services maintenance en matière de Time to Repair est due au manque d'informations pertinentes lors de l'appel à la maintenance.
Les agents se déplacent souvent avec un outillage, la documentation ou des instruments inadéquats, fautes d'information sur la nature et les circonstances du problème.
Ils doivent alors procéder à un diagnostic sans informations qualifiées préalables et le cas échéant repartir chercher ce qui est nécessaire.
Seraient-ils venus avec des indications pertinentes, ils auraient su de quoi se munir et auraient pu intervenir de manière plus efficiente, plus rapide.
En réduisant les temps à non valeur ajoutée, la maintenance ne réduit pas uniquement les gaspillages de temps et de sa capacité, mais améliore également son délai d'intervention et par conséquent la disponibilité opérationnelle des machines.
Conclusion
On voit ainsi que sans laisser les opérateurs intervenir directement, pour de la maintenance préventive, sur les machines, il est judicieux de les former à assister techniquement les agents de maintenance au diagnostic, ou tout du moins au recueil d'informations pertinentes.
Loin de constituer un inconvénient, repérer des opérateurs motivés permet de constituer une pépinière de talents pour des besoins futurs.
Il est néanmoins probable que les opérateurs ainsi formés, pour les plus motivés d'entre eux, ne se satisfassent pas de rester simplement des auxiliaires à décrire les circonstances de panne, mais souhaitent développer leurs compétences pour des interventions simples et rapides à leur portée.
Bien entendu, à la longue si la motivation des opérateurs ne rencontre pas d'opportunités de mise en pratique des savoirs acquis, leur mobilisation cessera.
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